J’ai réécouté certaines chansons de Camille (tirées de son album « Le Fil ») sur Deezer tout à l’heure, et y a pas à dire, c’est fantastique. J’achèterais bien son album ; c’est le genre d’album qui s’achète, parce qu’il forme un tout. Il ne se consomme pas par petits bouts, dans le désordre, n’importe comment.
Des chansons féériques, complexes, une voix enfantine et inventive…
Coups de cœur perso (même si tout est génial) : La jeune fille aux cheveux blancsTa douleur, Vous, Baby Carni Bird, Au Port, Pâle Septembre.
Petit rappel biographique de Camille (Dalmais), 27 ans :
Fille d'une mère enseignante et d'un père écrivain, elle entre en hypokhâgne au lycée Henri-IV de Paris. Elle est ensuite admise à l'Institut d'études politiques de Paris, où elle consacre son stage à la production de son premier opus, Le sac des filles, en 2002. À sa sortie fin 2002, l'album connaît un accueil mitigé de la critique, ce qui n'empêche pas plusieurs titres d'intégrer la playlist de France Inter ou de FIP (Paris, Le sac des filles, Les ex...) .
Les multiples collaborations suivant cette première parution attirent l'attention sur la jeune chanteuse. En plus des albums de Magic Malik, Gérard Manset ou Sébastien Martel, elle fait une prestation remarquée sur l'album-DVD de Jean-Louis Murat, Parfum d'acacia au jardin (2004). Elle collabore ensuite au projet Nouvelle Vague[1], se proposant de reprendre des classiques new wave en version bossa nova. Chanteuse principale de l'album (4 chansons pour elle seule), elle est une artisane majeure du succès que rencontre l'album et la tournée estivale qui suivit où son extravagance ravit
En 2005 sort l'album Le fil, un album au concept étonnant, construit sur le « fil » ou le « bourdon » : une seule note, un si en l'occurrence, qui commence au début de l'album et ne s'arrête qu'à la fin (35 minutes après la dernière chanson). Co-arrangé par le réalisateur anglais MaJiKer, toutes les chansons sont construites sur une exploration de la voix, avec pour seul instrument une contrebasse et parfois un clavier. Sur scène, Camille reproduit ce minimalisme. Elle utilise l'oversampling pour retrouver la complexité des arrangements vocaux de l'album. Sly (beatbox) MaJiKer (piano, accordéon) et Martin Gamet (contrebasse, basse) l'accompagnent. Cette fois la critique est unanime et salue l'originalité de l'œuvre. Le single Ta douleur fait un carton et Camille enchaîne interwiews et passages télévisés. Douze mois après sa sortie, l'album est disque de platine, il approche les 500 000 exemplaires vendus. Tandis que le prix Constantin puis deux Victoires de la musique confirment l'adhésion de la profession, la longue tournée[3] qui suit démontre l'engouement du public.
cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Camille_(chanteuse)
Voilà pour les faits. Camille me fascine. Il suffit de voir ses prestations live pour être convaincue qu’elle est carrément originale (certains diront barjo, mais z’enfin). J’adore la façon qu’elle a d’utiliser ses mains, sa bouche, son corps pour chanter ; dans cette prestation, le pianiste se lève au milieu de la chanson pour lui frapper dans le dos afin que sa voix produise des vibrations… Cette vidéo montre aussi Camille qui introduisant pas à pas la chanson ; elle la « construit » grâce à sa voix et à d’ingénieuses petites machines (comme Anaïs ou KT Tunstall le font aussi). La naissance de la chanson se fait comme une cérémonie, par des gestes précis, une certaine solennité, et surtout l’écriture des mots « le fil » par Camille sur son propre visage, à l’eye-liner.
Il faut aussi voir cette magnifique interprétation d’une des chansons tirées de son premier album (« La demeure d’un ciel »), toujours avec une magnifique gravité, une voix très émouvante et un rythme lancinant qui font ressembler la chanson à une prière.
Ce que j’aime chez elle, c’est son animalité. Tous les sens sont en éveil, tout le corps est mis à contribution. J’aime aussi qu’elle exploite à fond son côté enfantin (bruitages bizarres, gesticulations, voix étranglée) pour montrer sa totale liberté et une espèce de communion avec sa musique. Mais au-delà de ça, c’est les contraintes qu’elle s’impose (le concept de l’album construit autour d’une note, l’exploitation ingénieuse de la voix), donc une certaine rigueur, alliée à une bonne dose de folie qui est intéressante. La combinaison d’une technique et d’une grande créativité. La discipline et la liberté.
Quelques phrases en vrac sur l’élaboration de cet album :
« Je voulais faire un album entièrement basé sur l'exploration de la voix et de la contrebasse. » (un album à concept, à contrainte, j’adore l’idée).
« En écoutant ça, on fait ce qu'on veut, on laisse courir ou on médite, on se tire une balle dans la tête ou on fait un autre album dessus. » (A propos de la note « si » qui continue de vibrer dans le vide pendant 39 minutes et 12 secondes après la fin de la dernière chanson de l’album)
« J'ai pris mon souffle, j'ai choisi une note et je l'ai tendue comme un élastique » (à propos du « bourdon » qui court tout le long de l’album)
« J'adore le jeu et les règles du jeu pour pouvoir les changer. J'adore aussi changer de tête. J'aime l'idée de l'accident, de l'inachevé. J'aime le roman épistolaire, les aphorismes, les haïkus. Pour lier toutes ces formes, les hauts, les bas, les changements d'humeur, j'ai eu l'idée de tenir une note (en jargon: le bourdon) durant tout mon disque, Le Fil. Un chanteur diphonique rencontré dans le métro m'a donné un cours. »
Ces citations sont tirées de divers articles qu’on peut trouver sur le site officiel de l’album « Le Fil ».
http://www.camille-lefil.com/articles/articles.php?idarticle=18&idsupport=48
Plus encore, c’est l’énergie et la nécessité qu’elle transmet à travers son chant qui me touchent. Comme elle le dit : " Chanter, c'est pour moi une nécessité, une vocation devenue métier. Je ne vois pas d'autre manière d'être là, d'autre but dans l'existence. " Et cette façon de vivre ainsi son art, ça me plaît infiniment.